Métiers et Parcours. Rencontre avec le talentueux dessinateur africain Ishara Kamalebo Jacques Dekams.

Dans le deuxième numéro de votre émission "Rencontre" de ce mois de juin 2021. Nous vous emmenons dans un univers artistique typiquement africain. Celui que nous allons vous présenter n'a rien d'une tête de dessinateur et pourtant il l'est et arrive depuis peu à s'imposer dans son pays grâce à son talent. Son audience grossit de jour en jour et ses fans témoignent d'un homme aux talents inestimables. Mesdames messieurs veuillez recevoir monsieur Jacques.

Monsieur Jacques, veuillez vous présenter beaucoup plus amplement à nos lecteurs.

Je m'appelle Ishara Kamalebo Jacques Dekams. Je suis dessinateur paysagiste, bédéiste.

Ok. Merci d'avoir accepté notre invitation et de vous prêter à nos questions. D'abord, intéressons nous à vos origines, (après on parlera de votre parcours artistique puis des projets en cours ou à venir), vous dites être né en 1993 pendant la période du génocide au Rwanda. Comment êtes-vous alors retrouvé en République démocratique du Congo à Goma plus précisément ?

Je suis de goma en République démocratique du Congo. Le génocide de 1993 ne concerne pas seulement le Rwanda.
Le Rwanda est frontalier de la RDC précisément à goma. Pendant le génocide de 1993 et 1994, ma ville natale était aussi gravement touchée. Puisqu'il va y avoir un flux massif de réfugiés hutu chassés par les tutsi et venus s'exiler dans ma ville natale. Ça nous avait gravement touché et causé des ennuis. Le génocide rwandais de 1993 et 1994 ne concerne pas seulement le Rwanda mais avait aussi des répercussions sur l'Est de la République démocratique du Congo.

Lorsqu'on regarde la simplicité de vos créations, votre style graphique, et votre habileté à mélanger les couleurs pour en faire des chef d'œuvres, on se dit Waoh. Pourtant vous n'avez fait aucune école d'art. D'où vous vient cette inspiration ?

Je travaille des textes 100/100 goma. C'est dire que je m'éloigne un peu de la ville et je fais jouer mes personnages dans un village imaginaire de la culture de chez nous. Ce village je le nomme Nyarungi.

Faut rappeler que vous êtes dessinateur paysagiste mais aussi Bédéiste, auteur de quelques BD dont les aventures de Buzito et pilipili, Serpent, etc. Sur quels autres projets travaillez-vous actuellement ? Quel est votre engagement à impacter la vie autour de vous à Goma à travers votre art ? Les sujets politiques, ça vous intéresse aussi ?

Je suis un paysagiste mais aussi bédéiste, je travaille actuellement sur des projets énormes notamment les prochains numéros des aventures de Buzito et pilipili qui est une série comique que j'ai créée avec quelques livres de jeunesse dont le plus célèbre est Nono. 
La politique m'intéresse peu mais j'avais travaillé au sein d'un magazine de chez nous dans l'art de la caricature dont j'utilise les hommes politiques comme motif. Ce magazine était nommé "One target news".

Votre mot de la fin?

Mon mot de fin.
Je suggère à toute la jeunesse africaine de laisser le barbarisme et se mettre au boulot, d'utiliser quelque chose qui se cache en elle. Moi, le dessin est ma passion depuis mon plus jeune âge et je suis devenu aujourd'hui d'une estime irréprochable dans la société grâce au dessin.
Que la jeunesse puisse s'auto prendre en charge grâce à ce qui se cache en elle plutôt que de s'adonner au barbarisme et à la délinquance.

Merci.

Armel Allokpé, Journaliste